Urgences à l'hôpital des animaux - Varizèbre
Publié aux éditions Hemma, recueil « Urgences à l'hôpital des animaux »

Varizèbre

Le docteur Léphant écoute attentivement les deux chevaux qui se tiennent devant lui. Il observe avec curiosité le cheval couvert de rayures blanches et noires, bâillonné et ligoté que les lapinfirmiers portent sur une civière.
- Docteur, notre cousin est revenu d’Afrique ce matin. Là-bas, il a attrapé la varizèbre. Nous avons dû l’assommer et l’attacher car il délirait complètement. Il ne nous reconnaissait même plus !
Le docteur Léphant est ennuyé. La varizèbre est une maladie très contagieuse.
- Messieurs, ordonne-t-il aux lapinfirmiers, placez le malade en quarantaine dans la chambre d’isolement.
Il fait signe aux deux chevaux de le suivre jusqu’au standard, où James Poulpe travaille, un téléphone dans chaque tentacule.
- James, je veux qu’une équipe de ratons-laveurs vienne désinfecter l’hôpital de toute urgence. Prévenez le personnel que toute personne présente ici, médecins et patients, devra être aussi désinfectée. Une épidémie de varizèbre nous menace.
James Poulpe ouvre de grands yeux effrayés.
- La… La varizèbre ? Mais c’est très dangereux, ça !
Il saute sur ses téléphones pour exécuter les ordres du docteur Léphant.
Les lapinfirmiers reviennent.
- Nous avons placé le malade en carotène. Il a déjà avalé dix-huit carottes, docteur.
Léphant se fâche.
- Pas carotène, imbéciles, QUARANTAINE ! Cela veut dire que personne ne doit s’approcher de lui ! Retournez-y immédiatement !
Les lapinfirmiers repartent en rougissant.
Les véhicules de l’équipe de ratons-laveurs arrivent, toutes sirènes hurlantes.
Masqués et gantés, ils passent un produit désinfectant dans les moindres recoins de l’hôpital : chambres, lits, salles d’opération, instruments chirurgicaux, bureaux, rien n’est oublié.
Puis vient le tour des malades, celui des infirmiers, celui des médecins et celui des dindes-soignantes, qui sont tous passés à la poudre désinfectante, ce qui les fait beaucoup tousser.
- N’oubliez surtout pas la marmotte anesthésiste, demande le docteur Léphant. Elle est endormie dans l’armoire à médicaments du sous-sol.
Une dinde-soignante passablement énervée l’attrape par la manche.
- Docteur, vous feriez mieux de venir. Le malade de la chambre d’isolement devient complètement fou !
Le docteur Léphant suit la dinde en soupirant. Cette journée est décidément très mal partie.
Dans la chambre d’isolement, le cheval semble furieux, en effet.
Léphant passe une blouse et un masque de protection, avant d’entrer dans la chambre.
- Ah ! Vous voilà ! s’écrie le cheval d’un ton menaçant. Laissez-moi sortir d’ici ! Je n’ai pas la varizèbre !
Léphant fronce les sourcils.
- Vous êtes malade et contagieux. Si je vous laisse partir, tous ceux que vous toucherez attraperont vos rayures en un clin d’œil !
Le cheval éclate d’un rire rageur.
- Mes rayures !? Mais je suis un ZEBRE ! J’arrivais d’Afrique ce matin quand deux chevaux m’ont pris pour leur cousin et m’ont assommé !

Le docteur Léphant avait raison et tort à la fois : La journée était décidément très mauvaise pour lui, mais, d’un autre côté, cela lui servit de leçon : Il ne fit plus jamais d’erreur lorsqu’un animal atteint de varizèbre lui était présenté.
Eh oui ! Tout le monde peut se tromper, même le meilleur médecin du monde animal !

Date de création : 26/11/2013 ~ 07:47
Dernière modification : 26/11/2013 ~ 07:47
Catégorie : Urgences à l'hôpital des animaux
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