Histoires pour les petits - Le métier du coq
Un petit conte amusant écrit pour mes élèves.

Le soleil est déjà bien haut dans le ciel quand le fermier s’éveille. Il cligne des yeux un instant, puis regarde sa montre.
- 11 heures ! hurle-t-il. Cette fois, il va me le payer !
Furieux, il sort du lit, froisse les draps, jette les couvertures à travers la pièce, et enjambe la fenêtre. Il traverse la basse-cour en pyjama, le visage rouge de colère, droit vers le poulailler, où il entre avec fracas. Il se plante devant le coq – qui ronfle comme un avion – et s’écrie :
- Toi, mon bonhomme, c’est la dernière fois que tu fais la grasse matinée ! Ton métier est de me réveiller à cinq heures, pas de dormir jour et nuit !
Le coq ronfle encore. Le fermier, ivre de rage, le saisit par le cou.
- ET REVEILLE-TOI QUAND JE TE PARLE !
Surpris, le coq s’éveille enfin.
- Cocoricooo !
- C’est ton dernier cocorico, paresseux ! Si d’ici trois jours tu ne m’as pas prouvé que tu pouvais être utile à la ferme, je te déplume et te fais rôtir, j’en fais serment !
Le pauvre coq comprend enfin ce qui se passe.
Le fermier sort en époussetant les plumes collées à son pyjama, toujours aussi furieux.
Le coq soupire de tristesse. Est-ce sa faute, s’il aime tellement dormir ? Dans l’œuf, déjà, il dormait trop. Sa mère poule avait vu tous ses œufs éclore un matin, tous sauf un. Elle avait continué de couver le dernier, tout en s’occupant de ses poussins. Mais, au bout de quinze jours, l’œuf n’avait toujours pas éclos. Inquiète, elle avait délicatement brisé la coquille avec son bec. A l’intérieur, un petit poussin jaune était confortablement allongé sous un duvet de plumes, un poussin qui ronflait doucement. Ce poussin dormeur devint un coq dormeur, ce même coq qui se demande maintenant comment ne pas finir dans l’assiette du fermier.
Il décide d’aller chez le hibou, cet ami qui dort peu le jour et veille toute la nuit. Lui seul peut l’aider.
Il le réveille sans ménagement et lui explique rapidement la situation. Puis il en vient à son idée.
- Est-ce que cela te dérangerait de me réveiller, demain matin, au lever du soleil, avant d’aller dormir ? Comme ça, le fermier sera content !
Le hibou accepte sans hésiter, et le coq, tout heureux, retourne se coucher.

Le lendemain, le coq ressent une vive douleur dans son sommeil. Il s’éveille en hurlant :
- COCORICAÏE AÏE AÏE !
Le temps de reprendre ses esprits, il voit le hibou, près de lui, qui tient une poignée de plumes dans ses serres.
- Je m’excuse, explique-t-il, mais cela fait des heures que j’essaye de te réveiller, en vain. Je t’ai arraché au moins deux cents plumes avant que tu ne cesses de ronfler !
Le coq constate que son derrière est effectivement tout déplumé. Il remercie son ami, désolé que l’idée n’ait pas fonctionné.
- Comment faire, se lamente-t-il, comment faire pour réussir à me réveiller, comment faire pour ne pas finir dans le ventre du fermier ? Ah, si j’étais une poule, je couverais toute la journée, je pourrais…
Le coq ne termine pas sa phrase, saisi par une pensée soudaine. Une poule ? Couver ?
Aucune poule au monde ne peut couver jour et nuit sans se lever de temps en temps pour manger ou se dégourdir les pattes. Mais lui en est capable !
- Après tout, se dit-il, qui mieux que moi peut couver des œufs ? Dormir à la même place sans jamais bouger, c’est ma spécialité !
Il se précipite vers le poulailler, où il aménage un grand lit de paille. A peine ce travail terminé, il convoque toutes les poules au milieu de la basse-cour.
- Mesdames, annonce-t-il, amenez-moi immédiatement tous vos œufs. A partir d’aujourd’hui, c’est moi qui couverai tous les œufs pondus dans cette ferme.
Les poules s’étonnent bien un peu, mais elles obéissent sans rechigner, si bien que bientôt une quinzaine d’œufs repose dans le lit de paille.
Le coq s’assied alors sur les oeufs avec d’infinies précautions. Il pousse un grand soupir de satisfaction et s’endort, heureux de sa trouvaille : il va pouvoir dormir tout son saoul tout en étant utile à la ferme !
Un ronflement puissant s’élève bientôt du poulailler…

Et le fermier, me direz-vous, comment réussit-il à se réveiller le matin, maintenant que son coq s’est trouvé un nouveau métier ? Les poules ont pensé à lui. Elles sont allées voir le hibou, qui a à nouveau accepté de contribuer au réveil de la ferme : chaque jour, lorsqu’il rentre de sa nuit de chasse, au lever du soleil, il fait un petit détour par la chambre du fermier, qu’il réveille en hululant doucement.
Et l’on dit ici ou là que, contrairement à son coq, le fermier n’a jamais eu besoin qu’on lui arrache les plumes du derrière pour se lever !

Date de création : 08/11/2010 ~ 18:48
Dernière modification : 22/01/2013 ~ 11:34
Catégorie : Histoires pour les petits
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